Madame la Présidente, Monsieur le Directeur de l’ARS, chers Collègues,

Je voudrais tout d’abord saluer la reconnaissance des inégalités territoriales, et le changement de paradigme amorcé par ce Plan Régional de Santé vers une vision plus holistique de la santé.

Reconnaître que l’absence de maladie ne suffit pas au bien-être, c’est encourageant, puisque cela ouvre la voie à des politiques publiques plus inclusives, reliées à notre cadre de vie, notre habitat, notre éducation, notre niveau de vie. Et c’est bien cette approche globale, replaçant l’individu dans son contexte, que nous souhaitons voir mise en avant, avec une stratégie de prévention pragmatique et quantifiable, supposant une mobilisation générale et des indicateurs pour suivre les objectifs fixés.

Cependant, je souhaiterais apporter quelques points de vigilance : la notion de « prévention individuelle et médicalisée » est réductrice. En effet, la prévention doit être envisagée tant au niveau individuel que collectif, en mobilisant une pluralité d’acteurs, bien au-delà du seul prisme médical, et agir sur les déterminants environnementaux et sociaux de la santé.

Prenons l’exemple des jardins communautaires. En plus de fournir des aliments frais, ils deviennent de véritables lieux d’entre-aide et de partage. On y jardine ensemble, mais on y apprend aussi l’équilibre alimentaire et le respect de l’environnement. Ce type d’initiative illustre cette vision systémique de la prévention, renforçant les liens tout en encourageant des modes de vie plus sains.

Autre point important, la désertification médicale frappant certains de nos départements. Des mesures fortes en matière d’attractivité médicale s’avèrent urgentes.

Ensuite, mon expérience au sein de la commission santé mentale du conseil territorial de santé de Côte-d’Or m’amène à constater que la santé mentale mérite plus d’attention, trop souvent reléguée au second plan, et que dire de la santé mentale des enfants, tragiquement négligée, alors que les professionnels tirent la sonnette d’alarme depuis des années…

Parmi les carences auxquelles sont confrontés les usagers atteints de troubles psychiques, la question de leur mobilité et leur autonomie dans les déplacements au sein de notre région, mérite notre attention. En effet, de nombreux témoignages me rapportent des difficultés rencontrées à ce sujet. Pourtant, la maladie entraîne des limitations motrices, cognitives ou sociales, restreignant considérablement l’accès aux soins et activités quotidiennes lorsqu’éloignés du domicile. Il convient donc que nous engagions une réflexion collective sur des solutions d’accompagnement.

Enfin, le soutien à la recherche n’est pas la mission première de l’ARS, celle-ci devrait stimuler davantage d’études sur des sujets encore trop peu documentés, mais dont l’impact futur sur la santé publique est indéniable. Je parle des conséquences sanitaires du changement climatique, notamment via l’évolution des agents pathogènes et des polluants persistants, ces « fameux PFAS » De même qu’il nous semble pertinent de mieux quantifier l’impact psychologique des crises successives sur la santé mentale des enfants et adolescents : les tentative de suicides chez les jeunes ont bondi, et quelles mesures sont adoptées ?

Par ailleurs, des thématiques comme la pollution atmosphérique ou la qualité de l’eau méritent un examen approfondi afin de mieux cerner leurs répercussions, directes ou indirectes, sur la population. C’est seulement en objectivant ces enjeux par des études ad hoc que nous serons en mesure d’anticiper leurs impacts futurs et de bâtir, là encore, une véritable stratégie de prévention durable. L’Agence Régionale de Santé devrait donc impulser ce type de recherches appliquées, dans une logique de veille sanitaire et de protection à long terme des citoyens.

Pour terminer, je tiens à remercier l’Agence Régionale de Santé pour son engagement et son travail, et espère que notre dialogue constructif aujourd’hui aidera à affiner ce Plan régional de santé dans le but ultime d’améliorer la santé et le bien- être de tous nos concitoyens.

Aurore LAGNEAU
Conseillère régionale