Discours de politique générale – Claire Mallard – Juin 2022

Séance plénière

 

Madame la Présidente, Chers collègues,

 

Nous entamons cette Assemblée Plénière dans un contexte où les bouleversements de toute nature s’accélèrent. Qu’ils soient climatiques, géopolitiques, politiques et institutionnels à l’issue de la séquence électorale nationale. Il semble bien que nous soyons à la fin d’un cycle global y compris celui de la Vème République qui génère abstention, désintérêt de la vie politique et une poussée de l’extrême droite qui fragilise notre démocratie.

 

C’est le moment de vivre avec son temps, d’en prendre la mesure et de tout remettre à plat.

 

Je vais vous faire part d’un témoignage. Moi-même en tant qu’écologiste, je suis stupéfaite de l’accélération qui est à l’œuvre. Il y a 10 ans, j’étudiais les projections du GIEC en Bourgogne. Toutes les modélisations prévoyaient un climat méditerranéen en 2050. Il y a 15 jours, je découvre, à la lecture d’un article de presse, que la Saône-et-Loire aura le climat de l’Ardèche en 2030.

Le nouvel épisode de canicule précoce que vivons est une sorte d’avant-goût de ce qui nous attend dans une trajectoire qui nous rend, de plus en plus vulnérable.

 

A Digoin dans le charolais, les habitants parlent d’une scène apocalyptique avec des déluges de grêlons. Même scénario dans le Morvan, avec des toitures de maison endommagées. Dans le sud dijonnais, des trompes d’eau et des torrents de boues ont causé d’importants sinistres chez les particuliers et les commerçants. Je n’ose même pas évoquer les restrictions d’eau, les récoltes agricoles impactées et à la souffrance physique pour les femmes, les hommes comme les animaux.

 

Allons-nous attendre que le bouleversement climatique nous laisse sur le carreau, que les incendies de forêts se multiplient avant de mettre en œuvre de nouveaux outils comme un Plan de Prévention des Risques Climatiques, de mettre un coup de frein sur les projets climaticides comme les aéroports, les infrastructures routières, les pollutions aux pesticides agricoles qui détruisent la biodiversité ? Se confronter à la réalité est un exercice complexe qui bouscule mais nous n’avons pas le choix.

 

Le risque climatique est certes un risque économique mais aussi un risque social, un véritable accélérateur des fragilités. La Bourgogne-Franche-Comté n’est pas épargnée, loin de là. C’est la Région la plus touchée en France (source Observatoire Régional et Territorial Énergie Climat Air) par la précarité énergétique dans le logement. Mais pas que, le plus touchée aussi par la précarité liée aux déplacements quotidiens avec 17,2% des ménages qui sont en situation de grande vulnérabilité car trop dépendants de la voiture et du coût qu’elle représente.

 

La Bourgogne-Franche-Comté est donc en première ligne. C’est par notre capacité à innover que nous réussirons à préserver l’habitabilité de nos territoires. Nous sommes face à un enjeu de civilisation.

Pour relever ce défi, les écologistes ne reculerons jamais face à l’adversité même si notre cadre d’intervention publique n’est sans doute plus vraiment approprié aux enjeux contemporains.

 

Je pense entre autres au cadre budgétaire. Chercher sans cesse à contenir la dette financière, sans tenir compte de la dette écologique, maitriser les comptes publics depuis bientôt plus de 10 sans garantir plus de prospérité, de mieux vivre, et de développement humain, quel est le sens de cette trajectoire ? Rien si ce n’est accroitre les craintes, les peurs et les inégalités sociales.

 

Je vais me répéter comme bien souvent dans cet hémicycle, mais la réalité est connue et bien largement au-delà des cercles écologistes que certains aiment, par confort, caricaturer.

 

Personne n’a d’ailleurs prêté attention à l’alerte de la Banque Centrale Européenne sur le coût de l’inaction climatique. La principale institution monétaire a dressé un constat sans appel :  le coût de l’inaction se révèle largement supérieur à celui d’une réaction rapide.

 

L’absence de politiques climatiques ambitieuse mènerait à une perte de 10% du PIB annuel à l’horizon 2100 – contre 2% dans le cas d’un scénario de transition. En résumé, ce qui parait pharamineux aujourd’hui, n’est rien comparé à demain. Si l’inaction constitue un risque financier, nous disons qu’un gain écologique est un gain économique.

 

Pour construire cette nouvelle prospérité, il faut certes de l’ambition mais quand même du courage, celui de dépasser le court-termisme du temps politique, de rompre avec les habitus politiques que certaines et certains ont toujours connu. La jeune génération nous le demande et les plus modestes, celles et ceux dont le métier est condamné, celles et ceux qui dépendent de la voiture pour tout faire tout le temps, nous l’imposent.

 

Vous l’avez compris au lendemain de cette séquence électorale et d’une nouvelle page de la vie politique nationale, notre groupe réaffirme le sens de sa présence dans cet hémicycle : celle d’une continuité depuis un an plus que jamais déterminé a repensé notre développement, à accompagner les transitions et à réinventer de nouvelles sociabilités.

 

Notre majorité dans son ensemble, forte de sa diversité, est prête à construire les bases solides d’une bifurcation et donc d’une transition positive. C’est l’espoir que nous avons soulevé il y a un an et ce sont les actes que nous posons aujourd’hui.

 

Face aux menaces d’effondrement de notre économie, la mutation des filières et la relocalisation de l’économie seront au cœur de la conversion écologique de notre système de production, de consommation et d’échanges. L’ évolution vers des indices de développement où l’humain et la nature auront autant, voir même plus d’importance, que la quantité des biens et services produits.

 

Et parce que l’Europe tire les pays membres, notamment la France, vers toujours plus d’ambition écologique, nous saluons la décision d’obliger les États à préserver la nature dans les espaces urbains à leur niveau de 2021, et d’avoir exclue, il y a quelques semaines, du volet énergie du Pacte Vert l’escroquerie proposée par la France d’inclure le gaz fossile et le nucléaire des labels verts.

 

Ce choix voté massivement par les députés européens évitera le gaspillage d’argent public qui nous a fait perdre déjà trop de temps sur les investissements en faveur de la transition énergétique.

 

Cet immobilisme, voir ce conservatisme, nous le payons cher aujourd’hui. Alors que tous les signaux sont au rouge, les pays européens sont condamnés à rouvrir les centrales charbon, et pour la première fois depuis plus de 20 ans la France va être importatrice nette d’électricité cet été. Franchement, quel aveu d’impuissance, que de temps perdu.

 

Face à ce constat d’échec, c’est évidemment une grande satisfaction, et surtout une chance pour les habitants de la Région que notre majorité, sous votre impulsion Madame la Présidence et celle de la Vice-présidente à la Transition énergétique, que nous proposions une stratégie de transition énergétique, qui touche de façon transversale toutes les politiques transports, logements, économie, patrimoine régionale.

 

Dans cette une course contre la montre qui se joue, nous nous donnons les moyens ensemble, à notre échelle, de tout faire pour gagner cette bataille du climat et du pouvoir de vivre mieux !

 

Claire MALLARD

Conseillère régionale, présidente du groupe Écologistes & Solidaires

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