Discours de politique générale – Plénière juillet 2024

Intervention en plénière

 

 Madame la Présidente, cher-es collègues,

Deux pas de côté pour commencer et répondre aux collègues de l’opposition :

Ceux qui disent que personne n’a pas gagné cette élection législative, c’est qu’ils ont perdu !

Et pour Monsieur Platret, je suis contente de voir désormais que Monsieur Platret travaille à l’Office Français pour la Biodiversité puisqu’il nous dit où sont les meutes de loup ! Certes, il y a 3 meutes de loup mais uniquement dans le Massif du Jura.

 

Pour reprendre le fil des choses :

Ces dernières semaines, les chocs ont succédé aux chocs. Nous venons de perdre des compagnons de route. Thierry Grosjean, militant infatigable de la défense du vivant est parti, lui qui semblait pourtant immuable dans le paysage de l’écologie régionale. Nathalie Leblanc, discrète et rigoureuse avec des convictions chevillées au corps, nous a quittés également. Ils nous manqueront inévitablement. Mes pensées vont à leur famille et à leurs proches. Si la tristesse ouvre cette session plénière, je me félicite aussi de l’élection de nos députés Nouveau Front populaire, notre collègue Océane Godard, bien sûr, Pierre Pribetich mais aussi les militantes écologistes Catherine Hervieu et Dominique Voynet qui ont remporté cette élection face au RN. C’est une fierté pour notre groupe. Iels seront des points d’appui évidents pour notre majorité.

Nous vivons un moment inédit et atypique. Une dissolution hasardeuse, peu favorable à un débat démocratique serein, à la veille des Jeux Olympiques qui mettront pourtant la France sous le regard du monde entier. La passion politique a marqué la campagne législative, avec des gens qui en avaient marre et disaient que les politiques sont tous les mêmes. Eh bien ils ont vu qu’on n’était pas tous les mêmes justement. Et pour preuve, on peut tirer plusieurs enseignements :

  • L’échec massif du macronisme et son arrogance, sourd autant à la détresse sociale qu’à l’urgence écologique
  • Le refus de l’extrême-droite au pouvoir et son projet liberticide, fragmentée selon la couleur de peau, la croyance ou la non-croyance et qui fait le tri entre les gens.

Et c’est pour cela que la gauche et les écologistes n’ont pas tremblé quand il s’est agi de sauver les valeurs républicaines et de faire la distinction claire entre des adversaires politiques et les ennemis de la démocratie. Je ne suis pas sûre, que la réciprocité du front républicain ait fonctionné en toutes circonstances !

Autrement, les collègues faut se calmer, le glissement vers les extrêmes, c’est juste le RN qui est qualifié par le Conseil d’État comme parti d’extrême droite. Aucun autre parti se présentant à une élection sur l’échiquier politique est classé comme extrême. Respectons nos institutions républicaines !

Mais l’heure n’est pas à la polémique, il faut aujourd’hui réparer et apaiser ce pays.

C’est le signal donné par les Français en plaçant, à la surprise générale, le Nouveau Front populaire en tête. Malgré la légitimité populaire, et une majorité certes relative, le mépris démocratique perdure. Le « en même temps » qu’on nous sert à toutes sauces depuis 7 ans ne peut plus résister pas aux choix des urnes. Le président de la République doit désormais s’y plier et tirer les conséquences de ses actes : dans la tradition des institutions, les représentants de la coalition arrivée en tête, doivent gouverner. Aucun bricolage visant à prolonger une coalition dont plus personne ne veut, aucune magouille au pied levé, ne sont à la hauteur de l’urgence.

Les attentes fortes pour un projet de rupture, va mettre chacun face à ses responsabilités au Parlement : Nous verrons bien ensuite qui est favorable à l’augmentation des bas salaires et qui est contre ; qui est pour une fiscalité plus juste et qui est contre, qui est pour taxer les superprofits et les redistribuer et qui est contre….

Alors, il y a la politique nationale mais il y a aussi la réponse que nous devons apporter, chacun à la place ou nous sommes, à tous ces défis.

Dans notre Région, nous entendons depuis longtemps déjà la colère et la détresse sociale, dont une partie s’est exprimée lors de ce scrutin national, pour le Nouveau Front populaire mais une autre aussi dans le vote d’extrême droite avec de nouveaux députés. J’en prends acte. Pour autant, le RN : attention aux prophéties autoréalisatrices sur la prise de pouvoir, cela ne vous a pas porter bonheur dans cette élection ! Je me demande d’ailleurs ce que les députés RN de Saône et Loire vont se mettre sous la dent pour nourrir leurs fantasmes dans un département où on a une éolienne pour plus de 500 000 habitants !

D’autant plus que nous ne nous résignons pas à laisser un parti autoritaire faire son miel du ressentiment, à le laisser continuer à souffler sur les braises, partout où il le peut, en répondant par une surenchère identitaire et racialiste à la souffrance sociale.

Il nous faut rendre encore plus systématiques, plus visibles, nos politiques vertueuses de différenciation, qui aident les gens et les territoires les plus fragiles, le soutien à l’action associative qui agit pour la cohésion sociale, la mobilité décarbonée partout et pour tous qui est le point d’appui vers l’emploi, la santé et l’éducation mais aussi la complémentarité villes/campagnes autour des enjeux d’alimentation et d’énergie.

A cet égard, on a vu dans la campagne des législatives combien la question des dépenses d’énergie pesait sur le budget et le moral des Français.

Je me réjouis alors des 6 millions d’euros supplémentaires que nous voterons aujourd’hui pour faire des économies d’énergie qui aideront les élu-es à améliorer la qualité des bâtiments qui reçoivent du public et les bailleurs sociaux à réduire les factures d’énergie des ménages.

Je dirai au passage un mot du nucléaire français qui est un point sur lequel depuis le début, nous ne sommes pas totalement en phase, y compris dans cette Assemblée.

J’observe d’ailleurs que l’opinion publique elle-même est sur ce point beaucoup moins unanime que ne le laisserait penser l’apparent consensus de l’ancienne majorité, de la droite et de l’extrême droite.

Une énergie coûteuse nécessitant des investissements colossaux concurrents des énergies renouvelables créatrices d’emplois locaux, pas du tout à même de répondre à l’urgence du changement climatique en raison de ses délais de construction et d’une ressource en eau qui se raréfie, aléatoire sur le plan de l’indépendance et de son approvisionnement en minerais, pleine d’incertitude quant à la gestion de déchets en croissance exponentielle…

Notre groupe ne comprend toujours pas qu’on se lance à corps perdu sur le développement de cette filière, vu le retard pris dans la lutte contre la précarité énergétique et le vie chère grâce à des logements bien isolés, sur le déploiement des énergies renouvelables, alors même que la France est actuellement soumise à une procédure d’infraction car elle n’a pas atteint ses objectifs européens, et le tout sans aucun débat démocratique serein sur le sujet.

Madame la présidente, chers collègues

Une des leçons de ces dernières législatives est que la gauche et les écologistes doivent être rassemblés si nous voulons continuer à résister aux risques d’émiettement de notre société. Nous avons gagné la Région en 2021, notre majorité doit donc maintenir le style de travail positif qui est le sien, résister sereinement mais fermement à toutes les formes d’obstruction voire de brutalité qui viendraient de l’extérieur et d’une opposition incapable de prendre la mesure du rejet dont elle fait l’objet.

Je vous remercie

 

Claire MALLARD

Conseillère régionale, présidente du groupe Écologistes & Solidaires

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