Cohabitation entre loup et activités d’élevage ; Convention d’objectifs Viande bovine

Interventions en séance


Débat sur la cohabitation entre le loup et les activités d’élevage en Bourgogne-Franche-Comté

Madame la Présidente, chèr-es collègues,

Une fois n’est pas coutume, je remercie le groupe LR de nous donner l’occasion de mettre en valeur l’action de la majorité: face à la détresse, nous ne restons pas les bras croisés, on se mobilise même si nous n’en avons pas la responsabilité !

 

Je remercie bien entendu Monsieur le préfet pour les informations apportées, SW, et l’ensemble des membres du COPIL Loup pour ne pas laisser à la peine les éleveurs face au bouleversement qu’induit la présence du loup! Nous partageons aussi l’idée que les éleveurs n’ont pas à prendre en charge les moyens de protections, et que c’est bien à la puissance publique d’accompagner cette transition qui ne peut en aucun cas reposer sur les éleveurs déjà fortement fragilisés.  Ce que tente de faire humblement l’ARB en partenariat avec les services de l’Etat.

 

Ce débat consacré au retour naturel du loup faire ressortir un consensus large, toutes sensibilités politiques confondues : les prédations augmentent la détresse des éleveurs qui vont déjà très mal. Il n’y a pas de débat là-dessus !

Notons toutefois que ça fait bientôt 15 ans que les loups sont présents dans la Région. Que de retard pris. Après des années d’inaction publique, la souffrance est grande et les moyens de cohabitation pas à la hauteur d’une réalité qui s’impose à nous ! Les prédateurs sont désormais bel et bien installés. La question n’est donc pas de savoir s’il faut vivre ou pas avec les prédateurs. Ce débat est vain et dépassé. Face aux impacts délétères sur les troupeaux, nous n’avons pas le droit de nous tromper de débat, de l’affaiblir par des approches simplistes et clientélistes.

 

Savez-vous que dans les Alpes, où les loups sont présents depuis longtemps, et que très tôt des mesures de prévention/protection ont été mises en œuvre, les dommages sont en baisse (-22%) depuis 2018 malgré une augmentation des effectifs de loup (+ de 110%). C’est pourquoi, il me semble hasardeux d’affirmer que les mesures de protection sont inutiles. Dans notre Région, on est loin d’avoir innové et expérimenté des mesures robustes, à grande échelle, en tenant compte bien sûr, de la spécificité des zones de plaines. Il faut au moins essayer avant de tirer des conclusions !

 

Je ne voyais pas trop l’intérêt d’éclairer scientifiquement ce débat. Mais, je suis plutôt sympa, et je ne peux donc pas éthiquement laisser des responsables politiques dans l’ignorance, par respect pour leurs électrices et leurs électeurs. Je vais, alors, partager un peu de connaissances.

Quand on compile plusieurs études éthologique, lié à la régulation de l’espèce à l’échelle européenne, 2 constats se dégagent :

  • Atomiser les meutes entraine des dispersions plus importantes de jeunes loups qui partent prématurément et vont augmenter le risque de prédation des animaux domestiques ;
  • Quand on tape dans une meute, sa régulation habituelle va être perturbée, et donner lieu à des reproductions plus importantes.

Vu la complexité du phénomène, soyons honnêtes, il y a donc plus de questions que de réponses. J’attire d’ailleurs votre attention sur le fait qu’en Saône-et-Loire, les prédations sont plus nombreuses que dans le massif du Jura là où sont fixées les 2 meutes de loup. Que doit-on en déduire ? A ce stade, je n’ai pas la réponse. Peut-être que celles et ceux qui sont pétris de certitudes pourront m’éclairer, sait-on jamais.

 

La protection de notre patrimoine commun, domestique comme sauvage, mérite une approche sérieuse. La place du loup dans le débat public démontre l’urgence de porter une véritable politique de rapport au sauvage alors que tous les signaux d’effondrement de la biodiversité sont au rouge et que les inégalités du monde agricole appauvrissent la profession. Le discours récurrent, au niveau européen et français, que le loup par sa prédation met en péril à lui seul les élevages, m’interrogent. Le déclassement du loup ne changera pas malheureusement les difficultés économiques et structurelles de la filière tant qu’un protectionnisme agricole européen ne sera pas à l’œuvre, que les revenus agricoles face à la grande distribution ne seront pas protégés et que l’adaptation climatique sera négligée ! Donc chers collègues de l’opposition,  mettez autant de ferveur dans la mobilisation sur toutes ces questions et de la constance dans vos positions politiques.

Pour conclure, si nous pouvions sortir de ce débat en nous posant socialement la question de savoir si nous sommes capables, ou non, de partager notre territoire avec la nature alors peut-être que ce débat aura servi quelque chose !

Je vous remercie.

 

Convention d’objectifs 2024-2027 Viande bovine

Madame la Présidente, cher-es collègues,

Ce plan est une réponse concrète à la vulnérabilité économique des fermes d’élevages. Cette solution visant à sécuriser l’économie des fermes, par une plus grande autonomie et plus de résilience face aux aléas climatiques, réponde à un problème majeur : face au changement climatique, le travail des éleveurs devient précaire. Une charge qui s’ajoute aux problèmes de revenu, d’endettement et pèse sur la profession.

La tension sur les ressources, les pénuries d’herbe comme les pénuries d’eau provoquées par les sécheresses récurrentes des 4 dernières années, entraînent une surcharge de travail avec peu de perspectives pour certains, sinon d’arrêter le métier. Alors, j’anticipe le débat sur le loup mais on voit bien que le prédateur est loin d’être la seule cause de la détresse paysanne.

À l’heure où les manifestations du changement climatique s’intensifient, que la question du revenu des éleveurs, qui n’est même pas envisagée par la futur loi d’orientation agricole, est en suspend, ce plan d’actions régional est donc salutaire pour la profession et pour le climat. Si faire manger de l’herbe à des herbivores relève du bon sens, les vaches à l’herbe joue aussi un rôle clé pour la fertilité des prairies, la régulation du système hydrique, la séquestration du carbone dans le sol et la reconquête de la biodiversité.

D’ailleurs je vais répondre à Monsieur Grosperrin, c’est pas du « en même temps » mais des choix politiques clairs :

Si nos assiettes doivent être moins carnées, c’est avant tout sur les productions hors sol et intensives où les animaux sont nourris avec des aliments importés (soja OGM du Brésil, etc.) et qui ne voient pas le jour, que l’on doit jouer.

 

Quant à l’argument du pouvoir d’achat, je m’interroge sur le rôle joué par l’agro-industrie agro-alimentaire pour maintenir son système. Dans les faits, le véritable marqueur social, ce n’est pas tant la viande que l’accès aux fruits et légumes frais qui pose problème aux 16 % de précaires alimentaires.

 

Pour conclure, au vu des enjeux sociaux et environnementaux de ce plan, ce plan mériterait que l’ensemble des organisations syndicales soit parties prenantes.

 

Je vous remercie.

 

Claire MALLARD, conseillère régionale, présidente du groupe Écologistes & Solidaires

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