Discours de politique générale – Assemblée plénière Décembre 2022

Séance plénière

Madame la Présidente, chers collègues,

Les crises se cumulent et s’accélèrent : environnementale avec l’urgence climatique et les effondrements de biodiversité, sociale avec le creusement des inégalités et de la précarité, sanitaire avec des hôpitaux en permanence au bord de la saturation – d’ailleurs l’hôpital Nord Franche-Comté a activé son plan blanc hier soir – énergétique avec la déflagration des prix des matières premières. Géopolitique enfin, avec les guerres et les menaces que font peser partout sur la paix ; les régimes totalitaires mais aussi les populismes du monde entier.

 

Les mots d’Antoni Guterres, Secrétaire Général de l’ONU à l’ouverture de la COP 15 sur la biodiversité, pose un constat sans appel : « Par son appétit insatiable de croissance incontrôlée et inégalitaire, l’humanité est devenue une arme de destruction massive ». En effet, les limites planétaires font exploser les promesses illusoires d’une expansion illimitée de la croissance. Après un siècle et demi de prédation sur le vivant, l’effondrement est déjà là pour des millions de personnes.

Cela sera de plus en plus vrai chez nous aussi, où les 10% les plus aisés émettent cinq fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre de la population avec un risque de pénurie pour tous les autres.

 

L’enjeu aujourd’hui est de tenir un discours de vérité, de sortir des promesses intenables qui nous ont conduit à une brutalisation du monde, à une perte de contrôle sur nos existences et nos moyens de subsistances.

 

Le temps est venu des discours lucides, des solutions raisonnables et de l’action courageuse.

 

Certaines sensibilités n’ont de cesse de répéter à nos concitoyens qu’on va pouvoir continuer comme avant d’une façon ou d’une autre.

C’est une illusion et c’est une fable.

 

D’autres racontent qu’il faudrait revenir en arrière en se barricadant dans nos frontières, en se repliant sur des égoïsmes nationaux et sur des identités qui divisent. C’est un mensonge

Nous sommes au contraire à la croisée des chemins.

C’est le sens de l’interpellation des enseignantes d’AgroSup Dijon, dans une tribune publiée récemment, qui appelle à une troisième révolution agricole libérée du techno-solutionnisme au profit de l’agronomie.

Il est temps d’en venir la sobriété choisie, à la justice sociale, à l’autonomie des approvisionnements et de la relocalisation des productions.

 

Pour que cet appel à la mobilisation soir entendu de toutes et tous, il faut arrêter également de culpabiliser et de punir nos concitoyens et concitoyennes.

 

Face aux tensions actuelles sur le réseau électrique, comment demander aux citoyennes et citoyens, sans créer un sentiment d’injustice, de faire des efforts à titre individuel alors que les politiques publiques n’ont pas créé, jusqu’à présent, les conditions favorables au changement de comportement ?

 

Les injonctions permanentes qui s’adressent aux individus, indépendamment des inégalités, sont purement scandaleuses quand la société valorise les comportements sociaux d’abondance (l’avion, les croisières, les grosses cylindrées, la climatisation dans les stades) fortement relayés par le matraquage publicitaire.

Quand l’action publique renonce depuis tant d’années à offrir les solutions pérennes pour accompagner les transitions.

 

Je pense notamment au rejet de la taxation des superprofits pour financer la transition écologique, rejet voté unanimement par la coalition conservatrice du RN, LR et Renaissance, ou au refus par le gouvernement d’un plan de 12 milliards d’euros pour l’isolation des logements.

Alors que le Président de la République sort de son chapeau les RER métropolitains auxquels travaillent depuis des années les écologistes et majorités de gauche, le même gouvernement n’a même pas honte de refuser le financement supplémentaire de 4 milliards d’euros pour rénover le réseau ferroviaire français le plus mal entretenu et utilisé d’Europe.

 

Je pense aussi au retard coupable pris par la France sur le développement des énergies renouvelables, seul pays de l’Union à ne pas avoir atteint ses objectifs européens en 2020.

Si les 23 % de renouvelables avaient été atteints, les recettes budgétaires auraient suivi en conséquence. Les mégawattheures de solaire et d’éolien auraient permis d’éviter une partie des importations de gaz pour passer l’hiver, soit « 6 milliards à 9 milliards d’euros d’importations en moins », selon l’IDDRI.

Quant à l’effondrement du mythe nucléaire, il est évident. Hier, on nous proposait le nucléaire ou la bougie, désormais, c’est le nucléaire et la bougie ! Ça fait rêver.

 

C’est donc bien à l’action institutionnelle de commencer à créer les conditions des changements de comportement.

Face au désastre écologique, c’est notre conception du monde qu’il faut réinventer pour refonder notre humanité.

Il ne s’agit plus seulement en 2022/2023, d’être sur la défensive et de se contenter de défendre les ressources naturelles ou de limiter l’hémorragie

Il faut inverser la logique et passer à une logique positive de relation avec le vivant, se mettre en position comme le disent les scientifiques de négociation avec les milieux, pour les considérer comme des partenaires sociaux, prélever ce qui est supportable, restituer ce qui leur est nécessaire.

 

Et je réponds à M. Platret qui m’attaque sur le loup : cette approche apaisée, cette diplomatie du vivant vaut pour Monsieur Platret qui ferait mieux de s’intéresser aux études scientifiques qui montrent que dans les zones protégées où la cohabitation avec le loup est présente, la prédation baisse. Alors Monsieur Platret, quand vous appelez au loup, nous on agit. On attend autre chose qu’un mauvais remake du petit chaperon rouge version Gilles Platret alors qu’il y a des morts dues à la chasse chaque année et 0 avec le loup. Alors détendez-vous !

 

Je reprends mon propos : voilà les fondements des politiques alimentaires, forestières, de déplacement, d’aménagement urbain et d’énergie de demain. Voilà les fondements de nos politiques éducatives.

C’est vrai aussi pour nous dans les régions.

Un vrai défi car les Régions, comme d’autres collectivités, subissent l’inflation et la hausse du coût de l’énergie sans contrepartie de l’État, que ce soit un bouclier tarifaire ou filet de sécurité comme d’autres collectivités.

 

Avec des contrats dits confiance, sorte d’outil de contrôle et de sanctions pour les collectivités si celles-ci dévient de la trajectoire budgétaire fixée par l’État, le décalage est total avec le besoin d’investissement climatique des collectivités chiffré à 12 milliards/an par l’Institut Économique pour le Climat.

12 milliards/euros chaque année, revient à doubler le montant des investissements climat, jusqu’en 2030 pour y consacrer 20 % des budgets locaux d’investissement.

Nous sommes donc soumis par l’État à une injonction paradoxale : celui de la contrainte budgétaire et d’un effort demandé aux collectivités pour l’atteinte des objectifs climat particulièrement importants.

 

En l’absence d’autonomie fiscale, à laquelle s’ajoute des contraintes budgétaires fortes orchestrées par l’État, le risque d’être cantonné à un rôle de gestionnaire appauvri existe bel et bien. Cette période est alors plus que propice pour repenser le budget régional et abandonner les impasses écologiques héritées du passé.

Forte de son ambition écologique, notre Région se dote pour la première fois d’un budget vert, c’est-à-dire d’une évaluation environnementale et sociale ou chaque dépense contribuera à la lutte et l’adaptation climatique, à renouer avec notre milieu naturel et protéger les plus vulnérables des précarités qu’elles soient énergétiques ou liées aux déplacements.

Cet effort implique les services et les élu-es qui se sont appropriés cet outil, outil qui a vocation à être amélioré dans le temps, à être affiné et appliqué à l’échelle de chaque action.

 

Notre groupe a conscience des changements que cela induit dans le travail quotidien, mais au vu des perspectives positives dans les 8 ans à venir, nos choix politiques et budgétaires sont plus que jamais cruciaux.

 

Pour résumer mon propos, notre groupe appelle à suivre une ligne en 2023 qui consiste à protéger ce qui est menacé, à restaurer ce qui détruit et encourager ce qui doit être pour faire de la Bourgogne-Franche-Comté un modèle écologique résilient dès aujourd’hui et pour demain.

 

Claire MALLARD

Conseillère régionale, présidente du groupe Écologistes & Solidaires

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