Contribution à la Consultation du public – Préfecture de Saône et Loire – Période complémentaire vénerie sous terre du blaireau – 2022
Déposée par le groupe « Écologistes & Solidaires » au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté
Monsieur le Préfet,
Monsieur le directeur de la Direction départementale des territoires de Saône et Loire,
La biodiversité est malmenée comme jamais : morcellement des espaces sauvages par l’urbanisation, trafic routier, utilisation de pesticides et insecticides issus de la pétrochimie dans l’agriculture, changement climatique qui altère les conditions de vie et raréfie les ressources alimentaires de la faune sauvage qui nous entoure.
A la découverte de la requête de la fédération départementale des chasseurs de la Saône-et-Loire (FDC71), laquelle souhaite voir instituer une ouverture complémentaire de vénerie sous terre du blaireau à compter du 15 mai 2022, notre groupe de 8 élu-es au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a souhaité vous communiquer plusieurs éléments et notre position.
Ces éléments nous conduisent à vous demander de rejeter cette demande d’ouverture d’une période complémentaire.
Le Blaireau d’Europe, Meles meles, est un petit ours de nos campagnes. Discret, nocturne, paisible, il se nourrit de vers et petits fruits et a 2 ou 3 petits par portée. Il vit dans des terriers qui impressionnent par leur savantes construction et entretien.
En France, il est chassé. Tiré au fusil ou, comme cet animal est si discret et évite les humains, par vénerie sous terre.
Le blaireau est traqué pour le simple plaisir de tuer.
Un plaisir d’abord d’une grande cruauté puisque les blaireaux, traqués par des chiens, effrayés par les coups de pelle et pioche, subissent un stress intense, se terrent au plus profond de leur abri. Mais les blaireaux, adultes ou jeunes, n’ont aucune échappatoire : et si les coups de pioche ne les ont miraculeusement pas blessés, ils seront extirpés par des pinces que personne ne peut croire non blessantes, et livrés, selon toute vraisemblance, aux chiens (les veneurs affirment que la mise à mort serait faite dans les règles de l’art…)
Étendre la période de vénerie autorise de fait de traquer des femelles gestantes, des mères allaitantes et les petits car les jeunes blaireautins peuvent se trouver au terrier au 15 mai.
Un plaisir destructeur puisque les terriers des blaireaux abritent toute une vie sauvage associée (chauves-souris, chats forestiers, amphibiens…) qui est totalement détruite ou désorganisée à l’issue de l’action de vénerie. Sans parler des blaireaux survivants dont on imagine la détresse et la douleur même laissés libres.
Enfin c’est un plaisir inutile qui ne trouve de justification dans aucune étude ni observation.
- La tuberculose bovine est issue des animaux d’élevages et s’est propagée à certains animaux sauvages. Dans le cas où le blaireau serait un hôte porteur, c’est justement la proximité avec les chiens de chasse qui contribuera à diffuser la maladie
- Les dégâts de terrassement demeurent exceptionnels et l’accusation que le blaireau provoquerait des déraillements de trains ou rupture de digues laisse perplexe.
- Quant aux cultures, il existe de nombreux et simples moyens de dissuasion, indiqués autant par l’Office national de la chasse que d’associations environnementalistes
Les espaces sauvages qui nous environnent ne sont pas le terrain de jeu d’une minorité d’humains. Les animaux sont reconnus être vivants doués de sensibilité par la Loi française et ne sont pas des jouets.
Ce sont des espaces de vie et d’interactions animales et végétales d’une grande richesse et importance pour les équilibres naturels.
Le blaireau en fait partie. A ce titre, il doit être préservé ainsi que son habitat ; et toute douleur ou stress inutile doit lui être épargné.
Enfin, nous rappelons que le Blaireau d’Europe, Meles meles, est une espèce protégée et inscrite dans l’annexe III de la Convention de Berne (cf. art. 7).
Notre groupe de conseillères et conseillers régionaux EELV, Génération Écologie et CAP 21 demandent instamment que soit refusée la période complémentaire de vénerie sous terre en Saône et Loire.
- Claire Mallard, présidente de groupe, conseillère régionale, élue de Saône et Loire
- Stéphanie Modde, vice-présidente Transition écologique : transition énergétique ; alimentaire ; biodiversité, eau ; économie circulaire ; déchets. Elue de Côte d’Or
- Sarah Persil, vice-présidente Jeunesse, Vie Associative, Citoyenneté et Démocratie Participative. Elue du Jura.
- Aurore Lagneau, conseillère régionale, élue de Côte d’Or
- Claude Mercier, conseiller régional, élu du Doubs
- Eric Oternaud, conseiller régional, élu du Territoire de Belfort
- Amandine Rapenne, conseillère régionale, élue du Doubs
- Marie-Claire Thomas, conseillère régionale, élue de Haute-Saône
30 mars 2022
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