Conseil régional du 22 octobre 2021 – Discours de politique générale

Séance plénière

Discours de politique générale,
Claire MALLARD, présidente du groupe Écologistes & Solidaires

Madame la Présidente, chers collègues,

En tout premier lieu, et à quelques jours de l’ouverture de la COP 26 de Glasgow, je souhaiterais que, dans cette Assemblée, nous dépassions le niveau de certains débats nationaux qui sont, disons-le, véritablement nauséabonds. Je regrette ainsi que certaines et certains d’entre nous n’aient pas encore fait l’effort de se concentrer sur les vrais problèmes qui bousculent nos sociétés : l’effondrement du vivant et l’injustice sociale, fiscale et climatique.

 

Nous avons besoin de cohésion, de la mobilisation de toutes et tous pour que, dans le cadre de cette conférence, les Etats décident enfin d’investir des moyens conséquents dans l’adaptation climatique qui ne représentent, à ce jour, que 20% des investissements.

 

Est-ce la peine de rappeler ici l’inaction des Etats ? La justice française vient elle-même de confirmer ce constat d’échec. En effet, l’Etat a été condamné pour son inaction climatique et devra réparer ce préjudice d’ici fin 2022. Réjouissons-nous que la justice française défend le climat, quand la majeure partie des politiques le néglige ! Désormais, la lutte climatique ne relève plus seulement d’un choix politique mais bien d’une obligation légale.

 

Ces renoncements n’ont aucune excuse alors qu’un nouveau scandale financier, les Pandora Papers, a été dévoilé. C’est plus de 7 900 milliards d’euros d’actifs détenus dans des places offshore qui échappent ainsi aux Etats. L’évasion fiscale nous prive de moyens pour financer les services publics, la lutte contre les inégalités et la transformation écologique.

 

Les insuffisances du gouvernement français et de l’Union Européenne dans la lutte contre l’évasion fiscale sont un affront. Pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, rien pour que la transition énergétique, il faudrait investir 50 à 60 milliards d’euros supplémentaires chaque année, somme à mettre en perspective des 80 milliards de manque à gagner/ an pour la France dus à l’évasion fiscale.

 

On voit bien quand l’on se donne la peine de se pencher sur la racine des problèmes, des craintes et des colères légitimes, que l’urgence consiste à remettre à plat les fondements de notre société, d’investir massivement et fermement dans des transitions douces et de prendre soin de nos concitoyens comme de l’ensemble du vivant.

 

Si les États ne sont pas à la hauteur, alors, dans les territoires, soyons celles et ceux qui portent le courage d’une refonte en profondeur de nos manières de produire, de consommer et d’échanger. C’est la condition essentielle pour une société de la réconciliation. Je le redis, l’écologie, parce qu’elle répond à la satisfaction des besoins fondamentaux, est une grande promesse sociale.

 

Bien évidemment, il y a des secteurs-clefs pour prendre le virage des transitions.

 

L’agriculture et l’énergie sont emblématiques à bien des égards.

 

En effet, l’agriculture concurrentielle, standardisée et mondialisée provoque depuis des années une crise du pastoralisme et de l’élevage extensif tout en précarisant les agriculteurs. En sachant aussi que les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides. A l’autre bout de la chaîne, nous avons des familles modestes qui n’ont pas les moyens de se nourrir sainement et qui souffrent de maladies chroniques comme le surpoids. La transition écologique de l’agriculture et de l’alimentation, c’est la promesse d’une plus juste rémunération pour les producteurs, d’un accès à une alimentation suffisante et de qualité pour toutes et tous, et bien sûr d’une nature préservée et d’une santé retrouvée.

 

Concernant l’énergie, c’est en prenant à bras le corps le vaste chantier de la mobilité du quotidien partout et pour tous que nous réduirons notre vulnérabilité à la hausse des prix de l’énergie et du carburant qui nous condamnent à des mesures d’urgences sans pour autant résoudre le problème du coût global de la voiture qui pèse lourd dans les budgets et de la hausse des émissions de Co2.

 

Il en est de même pour le vaste chantier de l’isolation thermique des logements qui redonnera du pouvoir d’achat aux ménages grâce aux économies d’énergie ainsi réalisées.

 

Je terminerai mon propos en m’élevant contre les fausses bonnes idées qui ressurgissent dans le débat public. La lutte contre le changement climatique, contre la précarité énergétique et l’inflation des prix de l’énergie ne doivent pas être un prétexte pour relancer la filière coûteuse et dangereuse du nucléaire.

 

C’est pourtant, la stratégie déraisonnable choisie par le Chef de l’Etat avec son plan d’investissement France 2030 qui correspond davantage à l’époque dépassée des années 70 qu’à la réalité d’aujourd’hui et aux enjeux de demain.

 

Proposer l’énergie nucléaire plutôt que les énergies fossiles, c’est remplacer un problème par un autre alors que les énergies renouvelables sont plus propres, plus sûres et plus compétitives si on a l’honnêteté de comptabiliser la filière du démantèlement et de la gestion, ou plutôt la non-gestion, des déchets nucléaires.

 

Si nous souhaitons atteindre la neutralité carbone en 2050, la politique énergétique ne peut pas reposer sur des technologies mal maitrisées qui virent au fiasco industriel comme l’EPR ; pas davantage sur des technologies embryonnaires, parfois inconnues comme les « mini réacteurs » dont la viabilité économique est encore à démontrer, et qui ne produiraient leurs premiers kWh aux mieux dans dix à quinze ans, donc trop tard pour enclencher vigoureusement la lutte climatique.

 

Soyons réalistes et pragmatiques, stoppons cette énième fuite en avant, et ne ratons pas une nouvelle fois le virage industriel de la transition énergétique.

 

Nous devons au contraire investir la majorité de nos efforts publics dans la rénovation des logements, une mobilité repensée, les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie et du carbone, en préservant nos forêts. Ainsi nous pourrons concilier à la fois la lutte contre le changement climatique et la conversion écologique de notre économie afin de garantir notre souveraineté industrielle.

 

Le temps est venu pour l’Etat et les collectivités, dont la Région Bourgogne- Franche- Comté, de miser sur la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables, plutôt que sur le nucléaire !

 

Claire MALLARD
Présidente de groupe Écologistes & Solidaires

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